Définition du Routard: « Les microbus (micro): fonctionnent de 5h à minuit. Le prix est le même, quelle que soit la longueur du trajet (1NS, soient 25cts d’euros). Faire gaffe aux pickpockets, mais c’est le meilleur moyen de se mêler aux locaux ».
Ca sonne plutôt bien comme ça. Mais quand le Français lambda débarque à Lima pour la première fois, il n’a qu’une peur, c’est d’être un jour obligé de grimper dans cette chose bondée et zigzaguant entre les taxis à toute vitesse, qu’on appelle micro…Mais pourquoi a-t-on peur?
1- C’est dangereux. Les chauffeurs vont à fond, se glissent d’une file à l’autre en dédaignant l’usage du cligno, pilent dès qu’un passager veut monter ou descendre (mais ne pilent qu’à moitié, ce qui fait qu’il faut un certain entraînement avant de pouvoir passer du véhicule au trottoir et inversement), pour repartir en trombe juste après.
2- C’est agressant. En plus d’un chauffeur, un type agrippé à la portière hurle des choses incompréhensibles tout en tapant sur la paroi pour faire comprendre aux pauvres piétons qu’ils doivent absolument monter, mais si si, c’est votres destination, croyez-moi.
3- C’est incompréhensible. D’arrêts de bus, de distributeurs automatiques, d’horaires, point. Et la destination, vaguement indiquée sur l’avant du bus (la destination finale, en tous cas), se devine surtout, pour une oreille exercée, dans les onomatopées du type qui crie. Ce sont essentiellement des noms d’avenue; il faut donc connaître le plan de Lima pour pouvoir s’y déplacer.
Mais bien évidemment, ça serait dommage de s’arrêter à ces quelques considérations occidentalo-centrées. C’est pourquoi, prenant mon courage à deux mains, j’ai enfin décidé de grimper dans ce truc roulant (et seule, qui plus est!). Bilan?
Bon, c’est presque aussi incompréhensible que ça en a l’air; mais les grands axes, au bout d’un moment, on commence à les connaître. Ca reste aussi assez dangereux. La preuve, les journaux consacrent tous les jours plusieurs pages alarmistes à la sécurité routière; apparemment, on compte 28 000 accidents (mortels??) sur les routes liméniennes par an. Mais finalement, le « crieur » (j’ai pas encore trouvé le terme technique pour désigner cet être gesticulant) n’est pas si méchant qu’il en a l’air. Il respire, boit les inka kolas et mange à la manzana les gâteaux échangés contre 1NS par des vendeurs ambulants qui transitent de micro en micro, il parle de façon plus compréhensible quand on est à l’intérieur, et le mien, je l’ai même vu rire de façon tout-à-fait humaine!
Bref, coincée entre un travailleur qui rentrait chez lui et une étudiante relisant ses cours, essayant tant bien que mal de ne pas être éjectée de ce qui me servait de siège, je me serais presque sentie Liménienne, si ce n’avait éte ces regards curieux qui convergeaient vers moi par moments, du genre, « qu’est-ce qu’elle fout là celle-là?! ».